BURKINA FASO – Les élections au Burkina Faso représentent une petite lueur d’espoir pour l’Afrique occidentale et pour la région du Sahel. La Commission électorale nationale indépendante du Burkina Faso a annoncé le 7 décembre les résultats partiels des élections qui se sont déroulées dans le pays le 2 décembre.
Le résultat a été contesté par les responsables de l’opposition burkinabé, surtout à cause des retards concernant les résultats de la capitale. Ce sont les quatrièmes élections libres qui se sont déroulées au « Pays des hommes intègres » (Burkina en langue locale) après le coup d’Etat qui a porté en 1987 Blaise Campaoré au pouvoir. Selon les indications de la Céni, le président devrait voir sa majorité confirmée. En effet, les résultats provisoires affirment que le parti présidentiel, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès – CDP, devrait obtenir 58 sièges sur 111. Grâce aux partis alliés, l’actuelle majorité devrait atteindre 81 sièges au sein de l’Assemblée Nationale et, malgré des résultats en baisse, garder la main sur le Parlement. Au sein de l’Assemblée sortante la majorité comptait en effet 99 sièges.
Si le parti du président a souffert un recul en termes électoraux c’est aussi à cause de la montée du parti de Zéphirin Diabré, l’Union pour le Progrès et le Changement – UPC. Ancien ministre des Finances du précédent gouvernement de Blaise Campaoré, Diabré a quitté les rangs de la majorité en 2010 pour créer son propre parti, l’UPC, qui réussi à ses premières élections un véritable carton en remportant 15 sièges. Selon les sources locales, Diabré représente désormais le véritable opposant à la main mise sur le pouvoir de Blaise Campaoré. Il est d’ailleurs le seul a crié réellement à la fraude électorale. Les résultats les plus en retard sont ceux de la province du Kadiogo, celle de Ouagadougou, où Diabré est copnfronté à François Campaoré, frère du président, nouvel homme fort du CDP et héritier désigné du président.
De nombreux défis se présentent face à la nouvelle Assemblée, en particulier celui d’améliorer les conditions de la population qui vit en grande majorité dans des conditions économiques difficiles. Le président et sa majorité devront redistribuer les revenus provenant de l’exploitation et l’exportation de l’or, puisque récemment le Burkina est devenu le quatrième producteur d’or d’Afrique (http://www.agccommunication.eu/geoeconomia-it/1740-burkina-faso-oro.html).
L’utilisation de ces revenus est d’autant plus importante pour deux raisons. En premier lieu pour une question de politique intérieure : pour démontrer des résultats politiques à la population, mais aussi pour éviter une répétition des évènements du printemps 2011. En effet, février à mai 2011, le pouvoir a du faire face de à des révoltes de la population qui réclamait de meilleurs conditions de vie, mais aussi à des mutineries au sein de l’armée qui ne recevait pas les salaires et les indemnités depuis plusieurs mois.
En second lieu, la tenue d’élections est un signal intéressant pour le développement de la démocratie et de la situation politique générale en Afrique occidentale. Malgré la contestation des résultats, cette compétition électorale est un bon signe pour les pays voisins en difficultés : notamment le Mali. En effet, ces élections confirment la stabilité du pays, mais permettent aussi la continuation des pourparlers qui se déroulent depuis plusieurs semaines à Ouagadougou entre le gouvernement malien et les mouvements du MNLA et Ansar Dine. Ce dialogue inter-malien se développe grâce à la médiation du président Campaoré et devrait aboutir à de bons résultats pour la résolution des problématiques du nord du Mali.